Lecteur, encore un peu de patience !

Mon blog me permet de remettre en ligne les écrits et photos du site de l'association "Dessine-moi un enfant", aujourd'hui disparue. Vous pouvez d'ores et déjà parcourir ce voyage autour du monde de 18 mois en image. Les écrits, quant à eux, me demandent un peu de travail de relecture, non pas pour les modifier, puisque je cherche à garder leur spontanéité, mais pour rajouter les accents absents des claviers anglophones. J'alimente donc au fur et à mesure ce blog des reportages, articles, extraits de mon carnet de route.

jeudi 25 mars 2010

L'école Montessory House de Patan

Grâce à l’aide de Chantal Lama, Directrice de l’Alliance Française de Katmandou, nous sommes intervenus dans deux établissements privés de la vallée de Katmandou :
- l'école Montessory House de Patan qui accueille à la fois des Népalais, des étrangers et des enfants possédant une double nationalité ;
- l'école Srongtsen de Bodnath dont 99% des élèves sont issus de la communauté tibétaine népalaise qui s’est réfugiée au Népal après l'échec du soulèvement contre l’envahisseur chinois en 1959.

Nos interventions se sont déroulées pendant les cours ou les initiations à la langue française. Nous remercions donc les deux professeurs qui ont joué le rôle d'interprète et qui ont eu la gentillesse de consacrer leur cours hebdomadaire à la réalisation de ce projet.

Les 34 élèves de l'école Montessory House qui ont répondu au questionnaire, sont issus d’un milieu social aisé. Enfants de familles riches de la vallée de Katmandou (certains d’entre eux sont même des enfants d’expatriés d’origine japonaise ou coréenne), ils ont la chance de suivre un enseignement de qualité au sein d’un établissement reconnu et dont les frais d’inscription sont supérieurs à bien des salaires perçus au Népal. Bénéficiant de nombreux avantages et d’une ouverture sur les autres cultures, ces écoliers privilégiés ont ainsi tendance à avoir les mêmes références que de nombreux enfants des pays les plus favorisés, nations occidentales et d’Asie du Nord-Est en tête.
Leurs personnages préférés sont ainsi des héros de dessins animés américains (Cendrillon – 4, Tom et Jerry – 3, Musclor) ou japonais (Pokemon – 2, X-Men), mais aussi des personnages de films américains (Harry Potter – 2, Arnold Schwarzenger, Will Smith dans "Men in Black", "Zorro", "E.T", "Le Seigneur des Anneaux"), du cinéma de Hong Kong (Jackie Chan, Jet Li) ou du cinéma indien (Sharukahn – 2). Quatre élèves mentionnent également les catcheurs américains.
De même, les livres favoris de ces écoliers sont Harry Potter (3), Pokemon (3), Blanche-Neige (2), Cendrillon (2), Garfield, Musclor, Winnie l’ourson, Tarzan ou Scoobidoo. Cinq élèves évoquent cependant des références plus didactiques (encyclopédie – 2, livres d’histoire ou d'éducation).
Les réponses concernant leurs jeux ou jouets favoris sont, elles aussi, très révélatrices. Neuf enfants citent les jeux vidéo (dont 5 pour la seule console « Playstation ») et cinq mentionnent les figurines de super héros ou de catcheurs américains. D’autres élèves demeurent plus classiques, même si l’influence occidentale est toujours présente, évoquant la poupée (5) ou l’ours en peluche. Les jeux dont ils rêvent sont, là encore, les jeux vidéo (16), marque d’un certain niveau social. Quatre enfants citent les produits dérivés du dessin animé japonais « Pokemon » (livres, cartes, peluches, jeux), un enfant totalement « pokemonisé » ayant répondu « Pokemon » à près d’une question sur trois. Les poupées (3 réponses dont deux pour Barbie), les figurines de super-héros d’Outre-Atlantique (3), les petites voitures (2) et les ballons (2) sont également mentionnés. Deux enfants indiquent modestement qu’ils voudraient un scooter. En terme d’alimentation, ces écoliers népalais font la part belle aux pizzas (12), aux hamburgers (9) et aux frites (6), ceci même si aucune grande chaîne multinationale de restauration rapide spécialisée dans les pizzas ou les hamburgers ne s'est encore installée dans la vallée de Katmandou. Les plats népalais sont tout de même mentionnés : momos (7), (sorte de raviolis); aloochop (4) (qui ressemblent à nos pommes dauphine) ; autres plats népalais (3).
Leurs goûts musicaux sont également très internationaux : chansons de langue anglaise (12), artistes indiens (3) ou japonais (2). Pour la première fois depuis le début de cette étude à travers le monde, trois enfants indiquent la musique rap, un d’entre eux précisant « le rap népalais ». Dix enfants citent tout de même la musique népalaise, bien que ce soit souvent de la musique pop d’inspiration indienne ou occidentale, le phénomène des « boys band » et autres « girls band » étant en plein essor au Népal.
Les sports favoris de ces élèves sont, là aussi, des sports « universels », principalement d’origine anglo-saxonne : football (13), natation (11), basket-ball (8), cricket (7), catch (3), badminton (3), tennis (2) ou même le rugby.

Concernant le métier que ces enfants aimeraient exercer plus tard, les réponses sont plus éclectiques. Certains rêvent de réussite sociale ou financière : ingénieur (5), catcheur, acteur ou directeur d’hôtel. Néanmoins, nombreux sont ceux qui ressentent une vocation, une passion ou veulent aller au bout de leurs rêves : médecin (7) pour « aider les gens » ou « sauver des vies », professeur (4) pour « aider les enfants », pilotes (2) pour « voler » ou « voir la terre depuis le ciel », astronaute « pour aller sur la lune », vétérinaire « pour sauver les animaux », artiste peintre, danseuse, guitariste, infirmière et cette étonnante vocation de « riche homme d’affaires pour aider les pauvres ». Même la plupart de ceux qui souhaitent devenir ingénieur confessent que ce n’est pas tant pour l’argent que pour « construire » et « créer ». Il y a aussi ces trois élèves qui veulent devenir « soldats britanniques » pour « voyager » et « gagner de l’argent » mais aussi pour « faire respecter la paix dans le monde » ou, plus prosaïquement, pour « sauver le monde ». Il nous faut ici signaler que, depuis plusieurs siècles, de nombreux Népalais, réputés pour leur force et leur bravoure, appartiennent à certains corps d'armées britanniques.

Les principaux repères de ces enfants demeurent encore la famille et l'école. La plupart d’entre eux aimeraient ressembler à leur père (12), leur mère (5), leur grand frère (4) ou leur sœur, et l’une des choses la plus importante pour eux est d’être avec leurs parents (11) ou leurs frères et sœurs (2). Toutefois, l'école semble être aussi un élément essentiel (16), largement devant le fait de regarder la télévision (8), de manger (5) ou de jouer (5). De même, après l'école, la majorité des élèves interrogés font leurs devoirs (25) après avoir goûté (15) et parfois s'être changés (5).

Les événements récents qui les ont marqués sont très liés à leur quotidien : une fête d’anniversaire (13), un accident (4), un cadeau reçu (3) ou un cauchemar (2).

Quant à leurs rêves, il s’agit souvent de voyages, soit vers « un pays merveilleux » (6), soit à l’étranger (3). Les inspirations les plus originales sont également suscitées par cette question : « être une fée » (2), « voler », « jouer dans mes rêves », « être un maître de karaté », « tuer le champion de catch The Rock », « devenir le petit ami de mon professeur de danse », « aller au pays des jouets », « avoir tous les jeux », « arrêter le monde et prendre tous les jeux vidéo Playstation » ou l’inquiétant « avoir des pistolets et arrêter les gens pour avoir tout ce que je veux ». Deux enfants se montrent, de leur côté, particulièrement sages souhaitant « qu’il y ait la paix au Népal » ou « qu’il y ait la paix et des pensées positives chez tous les hommes ». Ainsi, des volontés pacifiques au terrorisme, l’éventail des aspirations est on ne peut plus large.

À la question « Quel est le mot que tu préfères ? », les réponses sont également très disparates :
- des mots de tous les jours (hello – 4, welcome – 2, bye bye, merci, bonne journée),
- des verbes (jouer, avoir, manger),
- des douceurs culinaires (chocolat, raisin),
- des prénoms d’amis proches,
- des jouets (poupée, ours et « Pokémon » pour l’inconditionnel de la sautillante boule jaune),
- des qualificatifs (juste, plaisant).
Enfin, les questions que les élèves népalais souhaitent poser aux enfants français sont des questions génériques (« Comment t’appelles-tu ? » – 5, « Quel âge as-tu ? » – 3), Relatives à l’école (9), à leurs goûts (plat favori, sport, jouet ou dessin animé préféré), à la France (2) ou aux langues (« Parles-tu anglais ? », « Parles-tu népalais ?»).
Nous citerons, pour conclure sur une note optimiste, cette étonnante interrogation : « As-tu des pensées positives ? ».

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