Lecteur, encore un peu de patience !

Mon blog me permet de remettre en ligne les écrits et photos du site de l'association "Dessine-moi un enfant", aujourd'hui disparue. Vous pouvez d'ores et déjà parcourir ce voyage autour du monde de 18 mois en image. Les écrits, quant à eux, me demandent un peu de travail de relecture, non pas pour les modifier, puisque je cherche à garder leur spontanéité, mais pour rajouter les accents absents des claviers anglophones. J'alimente donc au fur et à mesure ce blog des reportages, articles, extraits de mon carnet de route.

jeudi 25 mars 2010

Les enfants des orphelinats de Patan et Sauraha gérés par le Nepal Children Welfare Home

Lors de notre séjour au Tibet, nous avons rencontré Tina Deveaney, une jeune anglaise bénévole au sein de la structure « Népal Children Welfare Service Centre » (NCWSC) de Patan, dans la vallée de Katmandou. Elle nous a transmis les coordonnées d’Amit Kiran, trésorier de cet orphelinat, que nous avons contacté et qui nous a reçus avec enthousiasme.
Nous avons ainsi pu réaliser notre étude auprès des 16 enfants de cet orphelinat de Patan; enfants dont les parents ont disparu ou ne peuvent plus subvenir à leurs besoins matériels.
Sur les recommandations d’Amit Kiran, nous avons ensuite rendu visite à la seconde antenne de cette association, le « Népal Children Welfare Home » (NCWH) de Sauraha situé en bordure du Parc National de Chitwan, dans la région sub-tropicale du Teraï, au sud du pays. Nous avons, cette fois-ci encore, été reçus avec la plus grande courtoisie par la charmante Rupa qui nous a présenté les douze enfants de cet orphelinat.

Nous ne saurons trop remercier nos hôtes, qui au cours de ces deux magnifiques expériences humaines, ont tout entrepris afin que nous puissions réaliser ces études dans les meilleures conditions.
Nous analysons ici simultanément les réponses des enfants de ces deux orphelinats, âgés de 6 à 13 ans. Ainsi, même si ces enfants étudient dans des écoles anglophones privées et reçoivent une éducation religieuse d’inspiration anglicane, ceux de Patan bénéficient d'une infrastructure plus adaptée qu'à Sauraha. En effet, les enfants de Patan, originaires pour la plupart des villes et des villages de la vallée de Katmandou, vivent dans une grande maison d'accueil disposant d’un jardin, d’une salle de jeux et de jouets divers. La maison de Sauraha, quant à elle, est beaucoup plus modeste et les enfants qui ont été recueillis, sont nés dans des villages nettement plus défavorisés du centre et du sud du pays. Ainsi les réponses aux questions posées peuvent varier littéralement entre ces deux structures d’accueil.

En premier lieu, tandis que les enfants de Patan répondent que leur jeu ou jouet préféré sont le basket-ball (4 réponses), le football (3) ou le vélo (3), activités qui nécessitent de l’espace, ceux de Sauraha jouent plutôt aux petites voitures ou aux petits avions (6 réponses contre 2 à Patan) et à la poupée (3 réponses contre 2 à Patan). On remarque que, hormis le carrom board (jeu typiquement népalais qui consiste à faire glisser des jetons sur une table) cité par un enfant de Patan et un enfant de Sauraha, tous les autres jeux mentionnés sont des sports ou des activités que l’on pourrait qualifier d’universels. On remarque également que tous les jeux cités restent traditionnels. En effet, aucun enfant de ces orphelinats n’a indiqué les jeux vidéo et autres ordinateurs ou consoles de jeux. Lorsque nous les interrogeons sur les jeux ou jouets qu’ils souhaiteraient le plus avoir, cette dernière observation se confirme mais les réponses sont nettement plus disparates. Les enfants de Patan rêvent d’un ballon (2), d’un vélo (2) ou d’une table de ping-pong (2), activités d’extérieur, mais également de petites voitures et d’avion (4) ou de poupée (3). Les enfants de Sauraha désirent ardemment des petites voitures (3), des figurines de Spider Man (3) ou, réponse étonnante à leurs âges, des jeux d’échec (3). Deux d’entre eux rêvent tout de même de skate-boards.

Outre Spider Man, les échecs ou les skate-boards, l’influence occidentale principalement anglo-américaine, n’est pas négligeable. Ainsi, leurs personnages préférés sont, en grande majorité, des héros de dessins animés américains (6 réponses pour Tom et Jerry, sont également cités Popeye, Superman, Spider Man, Batman, Musclor, la petite Sirène et Mickey Mouse) ou des films américains (5 réponses pour Zorro, sont également notés Jim Carey, « Blade II » et « Men in Black »), l’action et l’humour étant les raisons essentielles déterminant ces choix. Seuls 4 enfants de Sauraha ont mentionné le dessin animé indien « Monkey ». Il ne faut pas perdre de vue que l’Inde n’est qu’à quelques kilomètres de cette ville. Malgré tout et étant conscient de l’influence considérable de la culture indienne sur le Népal, deuxième pays hindou au monde, il faut signaler que seule cette question a induit la référence à un produit culturel indien. Autre exemple de l’influence de la culture populaire américaine sur ces enfants : ceux qui s’identifient aux très médiatiques catcheurs d’outre-atlantique (7 réponses à Patan et 7 également à Sauraha, c’est-à-dire presque tous les garçons et même quelques filles). Deux garçons de Patan aimeraient ressembler à des acteurs américains (Jim Carey et le belgo -americain Van Damme) tandis que trois filles de Sauraha se prendraient volontiers pour Kate Winslet, actrice principale du célèbre film « Titanic ». La culture anglo-américaine est également évoquée en termes de goûts littéraires (3 réponses pour l’éternel Harry Potter, viennent ensuite Tom et Jerry, Popeye et la petite Sirène) ou musicaux (6 enfants plébiscitent des artistes de langue anglaise).
Cependant, c’est bien dans le domaine musical que l’on observe l’importance de la culture proprement népalaise : 21 réponses plébiscitent des artistes du pays dont 7 réponses provenant de Sauraha pour le seul Nabin Blattri. Mayala (2 réponses), Reshan Firin (2) et Yash Kunar (2) sont également cités. De même de nombreux écoliers s’identifient volontiers à des personnalités de leur pays dont la toute première, le roi lui-même (2), mais aussi des acteurs (2) et des danseuses (2).
Concernant l’alimentation, les goûts sont plus partagés. Certains font références aux plats typiquement népalais : 6 réponses pour le riz à Patan, 4 préfèrent les momos (raviolis) à Sauraha. Sont également mentionné le « dhal bhat », plat traditionnel du pays, les samosas et les chapatis (galettes). Les autres enfants font plutôt référence à des plats ou à des aliments plus universels comme le pain (3), le thé (2), le lait (2), les fruits (2), les oeufs, le poisson ou des douceurs sucrées comme les glaces ou la confiture.

Indépendamment de ces influences régionales ou internationales, ces enfants sont très proches de leur environnement immédiat. Même si, nous l’avons vu précédemment, la plupart d’entre eux s’identifient à des personnalités américaines ou népalaises, deux jeunes filles de Patan aimeraient ressembler à Lise-Marie, la jeune femme française bénévole qui a partagé leur vie pendant plusieurs semaines.

Cette expérience de partage, d’entraide et de vie collective fait naître également de nombreuses vocations : 6 garçons désirent ainsi être docteurs, 4 filles veulent devenir infirmières et 6 enfants sentent naître en eux la fibre enseignante. Seuls trois enfants manifestent des velléités pécuniaires. L'école et l’enseignement demeurent des éléments primordiaux, comme si ces enfants, que la vie a rendu incroyablement matures pour leur âge, fondaient tous leurs espoirs dans l’éducation. Ainsi pour 12 enfants (dont 8 de Sauraha, visiblement encore plus matures que ceux de Patan), « aller à l'école » demeure la priorité devant « jouer avec ses amis » (6 réponses), « lire » (5), « regarder la télévision » (3) et la magnifique réponse « to have time », avoir du temps (2 réponses à Sauraha). De même pour 15 enfants (dont les 12 enfants de Sauraha qui n’ont que ces ouvrages à disposition), les livres d'école constituent leurs lectures favorites (6 réponses pour l’anglais, 6 pour les sciences et la santé, 2 pour les mathématiques et 1 pour l’apprentissage du népali).
Autre preuve de la maturité des enfants de Sauraha : ils ont presque tous répondu (9 réponses) que l'événement récent qui les avait le plus marqués, était l'événement dramatique à l’origine de leur venue dans la maison d’accueil, soit le départ de la maison familiale du père, de la mère ou de la sœur (7 réponses), soit le décès du père (2). Il est particulièrement troublant de soutenir le regard d’un petit orphelin de 6 ans qui vous montre sa feuille en vous demandant, le sourire aux lèvres, si sa réponse vous convient. De leur côté, les enfants de Patan ont tous mentionné que l'événement récent le plus marquant était leur dernière visite touristique dans une ville du pays (6 réponses), au zoo (6) ou la célébration de la messe à laquelle ils avaient assisté le matin même (2).
Les voyages font également partie des centres d’intérêt de ces enfants. 7 rêvent de se rendre dans des régions népalaises qu’ils ne connaissent pas encore, 2 voulent venir en France, un autre souhaite visiter tous les pays. D’autres, plus rêveurs (ou plus poètes), voudraient « aller au paradis », « jouer avec la lune », « jouer avec le soleil », « jouer avec les étoiles », « voler » ou encore « jouer avec Jésus » (le même enfant mystique dont l’ouvrage de référence est la Bible). Néanmoins, ces petits Népalais demeurent des enfants comme les autres. En revenant de l'école, ils jouent avec leurs amis (18 réponses montrent ainsi l’importance au quotidien de la vie en communauté), troquent leurs uniformes contre des vêtements civils (8) ou mangent (7). On l’a déjà indiqué lorsqu’on évoquait leur jeu préféré, les sports font partie de leur vie quotidienne, avec une nette prédominance pour les sports asiatiques (badminton – 9 réponses et le kick-boxing – 5 réponses) ainsi que les jeux collectifs classiques (football – 4, basket – 2 et volley – 2). Paradoxalement, les mots préférés des petits citadins de Patan sont surtout des noms d’animaux (chameau, tigre, chien, éléphant, mouton) alors que les enfants de Sauraha qui vivent juste en face du principal parc national du pays, préfèrent des mots simples de la vie de tous les jours tels que « oui » ou « s’il te plait », ainsi que « merci » (7 réponses).

Quant aux questions qu’ils souhaitent poser aux enfants français, il s’agit là encore de questions simples telles que « Comment t’appelles-tu ? » (12), « Quel âge as-tu ? » (6), « Veux-tu être mon ami ? » (4), « Comment vas-tu ? » (2). Deux enfants se demandent naïvement « Comment s’appelle ton roi ? », tandis qu’un autre plus philosophe interroge « quelle est pour toi la chose la plus importante ?».

1 commentaire:

  1. Bonjour,
    Je souhaite partir dans le cadre du Projet Zellidja seule au Népal l'année prochaine ! Mon sujet (qui n'est encore qu'une ébauche en construction) porterais sur La vie des enfants au Népal. J'ai pris beaucoup de plaisir a lire votre expérience et votre étude,et j'aimerais savoir s'il serais possible que vous me mettiez en contact avec Tina Deveaney ?


    Au plaisir de vous lire
    Eva

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