Lecteur, encore un peu de patience !

Mon blog me permet de remettre en ligne les écrits et photos du site de l'association "Dessine-moi un enfant", aujourd'hui disparue. Vous pouvez d'ores et déjà parcourir ce voyage autour du monde de 18 mois en image. Les écrits, quant à eux, me demandent un peu de travail de relecture, non pas pour les modifier, puisque je cherche à garder leur spontanéité, mais pour rajouter les accents absents des claviers anglophones. J'alimente donc au fur et à mesure ce blog des reportages, articles, extraits de mon carnet de route.

lundi 15 mars 2010

Les Chinois d'aujourd'hui

De nombreux Occidentaux voyageant en Chine, repartent de ce pays avec un sentiment mitigé, non pas à cause de sites culturels ou naturels qui pourraient paraître décevants mais plutôt en raison du comportement de la population chinoise. Pourquoi les us et coutumes de ce pays (en dehors des grandes villes telles que Pékin, Shanghai, Hong Kong) ont-ils tendance à excéder si rapidement les voyageurs même les plus avertis ?
Deux fondements soutiennent aujourd’hui la société chinoise : la famille et la patrie. Entre ces deux piliers, le respect de l'autre revêt une importance toute relative, dans un pays où, compte tenu de la forte démographie, il est nécessaire de faire sa place.

La famille, en tant qu’unité de base de la société, a toujours été la clef de voûte de la Chine, cet état de fait étant renforcé par l’un des trois grands courants de pensée millénaires qui influencent les croyances populaires : le confucianisme.
Les stricts codes d’obéissance prônés par la doctrine de Confucius s’appuient sur le concept du culte des ancêtres et incluent la notion de « sauver la face » qui règle le comportement des Chinois.
Cette notion signifie en fait qu’un Chinois ne tentera jamais de se ridiculiser ou de reculer devant autrui. Ainsi s’il ne sait pas répondre à une question, il ne vous dira jamais « je ne sais pas » ou ce qu’il pense réellement, mais plutôt « je n’en ai pas » (« Mei yo ») ou ce qu’il croit que vous voulez entendre. Ce comportement peut provoquer parfois des situations cocasses lorsque vous cherchez votre chemin. Il est souvent préférable de poser à plusieurs personnes la même question pour être sûr de se retrouver parmi des réponses parfois contradictoires.

Le pays, et à travers lui l'État, est également le repère essentiel des Chinois qui, dès leur plus jeune âge, chantent l’hymne national avant de commencer l'école. Ainsi, les Chinois d’aujourd’hui sont le fruit à la fois d’une révolution culturelle qui a été néfaste en termes d’enseignement et de développement individuel, et d’une ancienne omniprésence étatique dans toutes les strates de la société.
Le Parti leur a imposé pendant des années un comportement collectif obéissant vis-à-vis de l’autorité quelqu’elle soit (un reste de la pensée confucéenne), et dénué d’esprit critique. L'État s’est arrogé la plupart des responsabilités, sans éduquer ses citoyens mais en formant des sujets disciplinés obéissant aux unités étatiques de proximité, les unités de travail par exemple. Aujourd’hui encore le système éducatif basé uniquement sur la mémorisation crée des enfants sans réelle imagination et sens de la réflexion.

Le retrait de l'État dans certains domaines de la vie quotidienne conduit à un désengagement de la population pour les anciennes préoccupations du gouvernement, aucune règle ne leur étant imposée. Ainsi les parties communes des immeubles, autrefois gérées par l'État, sont aujourd’hui laissées à l’abandon, ce qui accroît la détérioration des immeubles même les plus récents, parce qu’aucun individu ne se prend en main pour entreprendre le nettoyage de ces espaces communs. Nous avions fait également ce constat en Russie où l’absence d’entretien des cages d’escaliers et des façades entraîne la dégradation accélérée des bâtiments.
Cette mentalité ne risque pas de s’améliorer dans les années à venir avec le passage à l’âge adulte de la génération de l’enfant unique qui a été le point de convergence de toutes les attentions pendant son enfance et qui a eu l’habitude d’obtenir tout et tout de suite.
La population chinoise est donc extrêmement ambivalente : elle est à la fois tiraillée entre un passé culturel riche et un nihilisme culturel prôné sous l’ère maoïste; entre une ouverture aux nouvelles technologies et aux modes de vie qui s’y rapportent et une perception simpliste des choses et des hommes qui les entourent; entre le désengagement du gouvernement, faute de moyens, vis-à-vis de certains problèmes de leur quotidien et leur inaction pour combler ce vide administratif.

Le chinois est quoiqu’il en soit, quelqu’un qui travaille énormément, les ouvriers et les paysans travaillant le plus souvent 7 jours sur 7. L’ouverture récente à l'économie de marché, a vu l’avènement d’une classe moyenne qui s’occidentalise de plus en plus et l’éclosion d’une classe de nouveaux riches liée à l’industrie et au commerce qui a tendance à afficher leur niveau de vie de manière outrancière. Dans tous les cas, l'économie mondiale devra compter de plus en plus sur le poids économique d’un pays riche de près d’1,4 milliard d’habitants.

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